• Notre histoire

    Notre histoire

     

    Nous écrivons tous les deux des articles à tour de rôle, l'histoire sera donc racontée sous différents points de vue. L'auteur du poste est spécifié dans le titre de chaque article. 

    Les articles vont du plus récent au plus ancien.

    Nous écrivons avec notre cœur, nous sommes un peu poètes, un peu naïfs, un peu innocents... Et nous voulons vous le partager.

    En espérant vous emmener avec nous, 

    Bonne Lecture !

    - C & A

  • #Partie 1 - 1. [Andrew]#Partie 1 - 1. [Andrew]#Partie 1 - 1. [Andrew]

     

     

    #Partie 1 - 1. [Andrew]

     

    1.

     

    Aéroport national, bienvenue, heure : 12:45.

     

    Voilà le message que je vois défiler en boucle depuis maintenant une demie-heure en huit langues différentes : français, anglais, espagnol, allemand, néerlandais, japonnais, mandarin et finnois. Ma tante est en retard, comme d'habitude. On ne change pas une équipe qui gagne ! Prétexte-t-elle toujours. Mais je pense que même si elle gagnait quelque chose elle serait en retard à la cérémonie des récompenses… Je suis un peu nerveux de revoir mes grands-parents que j'ai quittés deux ans plus tôt. Je suis allé en Inde, mon pays d'origine, mais maintenant je regrette un peu de l'avoir fait.

     

    - Andrew ! Ah, te voilà ! Tu as vu toute cette foule, autant te dire que te trouver a été comme chercher une aiguille dans une meule de foin !

     

    Cette voix haut-perchée et coassante, je la reconnaîtrais entre mille. Je me retourne :

     

    - Ah, Annie, te voilà enfin ! Je pensais que tu ne viendrais jamais !

     

    Elle se jette sur moi et me couvre de baisers baveux. Je pense que je n'ai pas besoin de vous dresser son portrait, Annie est le modèle parfait de la tante surprotectrice et envahissante, que vous êtes obligés d'aimer, parce qu'elle est de votre famille…

     

    - Alors l'Inde, c'est comment ? Le voyage a du être épuisant ! Je parie que tu n'as pas bu d'eau vraiment potable depuis des mois ! Comme tu as bronzé ! On te prendrait presque pour un pur souche !

     

    Je la laisse dans son délire et me contente de hocher la tête en ricanant bêtement. Décidément, vraiment trop pénible cette tante. Elle m'énerve déjà. Mais bon, les gens ne changent pas ce qu'ils sont, Andrew… Depuis le temps, tu devrais le savoir, non ? …

     

    Je m'appelle Andrew Caudhari, et j'ai vingt ans. Né d'un père indien et d'une mère américaine, j'ai été élevé par mes grands-parents maternels car mes parents sont décédés alors que j'étais encore enfant dans un accident. Et les parents de mon père l'ont quelque peu renié après avoir appris qu'il était tombé amoureux d'une américaine. Ils étaient très conservatifs, alors ils ont eu du mal à accepter que mon père ne se marie pas à une femme d'origine indienne, pour perpétuer les traditions.

    Il y a deux ans, j'ai voulu redécouvrir mon pays natal. Mes grands-parents étaient d'abord réticents mais ils ont fini par accepter de me laisser partir. Ils disaient qu'ils ne devaient pas «me couper plus longtemps de mes racines» et m'ont inscrit à l'université de Delhi. Mais ils sont tombés très malade il y a peu… Alors j'ai sauté dans le premier avion (enfin, le premier avion après la fin des cours) et je suis rentré.

     

    En sortant de l'aéroport, je remarque qu'il neige. C'est bien… De passer des pluies de la post-mousson indienne au froid hivernal américain. Les paysages blancs de Wilkins sont ce qui m'a le plus manqué. La ville est placée dans la partie la moins visitée du continent. Elle est plutôt de type reculée, avec une végétation très dense et des arbres qui prolifèrent. Les routes sont souvent perdues entre de hautes rangées de sapins ou de larges parcelles de terres inoccupées. Ces terres ne sont pas spécialement favorables à l'agriculture puisque le climat de Wilkins est très froid et surtout très humide, même en été.

     

    Durant tout le trajet, ma tante n'arrête pas de me bombarder de questions qui n'ont pas grand-chose à voir avec la vie en Inde.

     

    - Alors, tu as profité d'être ailleurs pour refaire ta garde-robe ?

    - Quoi ? Je fronce les sourcils.

    - Ben, ne fais pas cette tête-là, tu en aurais bien besoin ! Où as-tu passé noël l'an dernier ?

    - J'étais en randonnée en décembre et …

    - Peu importe. Nous avons déjà commencé à décorer par ici, je parie que tu n'as même pas décoré ta chambre l'an dernier !

    - Normal, je n'y étais pas.

     

    Elle a haussé les épaules et j'en ai profité pour couper court à la conversation en vissant mes écouteurs sur mes oreilles. Je suis conscient que je vais sembler malpoli à Annie mais je n'ai vraiment pas envie de répondre à des questions sans queue ni tête. J'ai juste envie de voir mes grands parents. J'ai envie de les serrer dans mes bras, de leur dire que je les aime, que tout va s'arranger et que je suis enfin de retour. Ça fait du bien d'être rentré, mais ça fait aussi peur. Une vie à Wilkins et une vie à New Delhi n'ont rien à voir. J'ai peur de retomber dans la routine de mon adolescence, que j'ai cherché à fuir en allant en Inde. Mais j'ai l'impression que je me suis construit. La liberté et la solitude m'ont permis de faire des expériences, d'explorer tout ce que je voulais et d'apprendre à me connaître. J'ai comblé le vide que me laissait l'ignorance de mon passé, l'ignorance de mes origines. Je voulais connaître ce pays dans lequel je suis né, cette pièce manquante de mon histoire, celle de mes parents.

    Je regrette de les avoir perdus alors que je n'avais que cinq ans. Je ne me souviens pas de grand-chose avant cela. Seulement de très longues promenades en forêt avec mes parents les jours de pluie fine. De ces moments où je dansais et courais dans tous les sens en savourant la froideur des gouttes qui me plaquaient des cheveux noirs de jais sur le visage…

     

    La voiture s'arrête et me tire de mes rêveries. Un sentiment étrange m'envahit, quelque chose me dit : je suis enfin à la maison.  

     

     


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  • #0 - Prologue [Ciel]

     

    Qui est ce garçon au corps martyrisé qui porte en lui des traces qui ne seront jamais effacées ? Il me regarde fixement de ses petits yeux noisettes creusés de grosses cernes noires, dues au sommeil qui lui manque toutes les nuits. Il touche sa joue parcourue d'une longue cicatrice et ferme les yeux.

     

    FLASHBACK

    J'entends les lattes du plancher craquer sous l'effet des flammes. Il n'a fallu que quelques instants, que quelques minutes, me semble-t-il, pour que je sois encerclé par le feu. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, d'humer l'odeur de fumée, de me rendre compte de quoi que ce soit avant d'être complètement bloqué. Tout est arrivé si vite. J'ai l'impression que le musée s'est vidé en quelques secondes seulement. Des pleurs, des cris, de l'angoisse, un moment figé dans le temps où ma respiration s'est arrêtée, et j'étais seul. Tout le monde s'est enfui, et moi je suis resté planté là comme un con.

    Je dois trouver des gens. Je dois m'assurer que je ne suis pas vraiment seul. Je reviens à moi et me précipite vers la seule sortie que je vois. La température est passée de vingt à presque cinquante degrés en quelques secondes, et je sens déjà que j'ai du mal à respirer. Je cours sans relâche en appelant à l'aide, en demandant s'il y a quelqu'un, mais la seule réponse que j'obtiens est un crépitement déchaîné de flammes qui me rattrapent à la vitesse de l'éclair, consumant le bois du plancher, des murs, du toit…

     

    - A l'aide !! Il y a quelqu'un ?! A l'aide !!

     

    Je traverse toutes les portes, je cours dans tous les couloirs, et je ne vois que le désespoir autour de moi. Je me retourne et j'aperçois les flammes qui lèchent déjà l'encadrement de la dernière porte que j'ai passée. Je dois rejoindre les escaliers. A gauche, à droite ! Oh merde, pas par là ! Demi-tour, à droite… Où sont ces fichus escaliers ?!! Qui a eu l'idée d'un labyrinthe pareil ?! Je commence à suffoquer, je tousse à pleins poumons et l'air rentre de plus en plus mal. Je ne vais pas m'en sortir. Maman, Papa, je vous aime…

     

    Soudain, des cris attirent mon attention. J'ai enfin trouvé des escaliers, je me précipite au premier étage. Il faut continuer tout droit. Le feu n'est peut-être pas encore arrivé de ce côté du bâtiment. Mais punaise, qu'est-ce que c'est grand ! Qu'est-ce que c'est long ! Les cris s'intensifient, et sont mêlés à des pleurs. Je dois les tirer de là. Dans une pièce où sont exposées des momies, je trouve un couple de personnes âgées. Ils sont recroquevillés dans le coin de la pièce et toussent à en perdre les poumons.

     

    - S'il vous plaît, aidez-nous ! Me crie l'un d'entre eux, à bout de souffle.

    Je me précipite vers eux et les aide à se relever.

    - Venez, par ici, vite !

     

    Je me précipite en leur tenant la main, mais ils sont très lents, et je doute que l'on puisse sortir à temps. J'ai l'impression d'avancer dans un brouillard de cendres, que l'on m'asphyxie en plein jour, que l'on m'a lancé une bombe lacrymogène. Mes yeux pleurent et mon cœur bat la chamade. Je sue de toutes parts, je commence à être noir de suie, mais je cours le plus vite que je peux et je m'accroche le plus possible à la main que je tire. Je dois nous sortir de là, je dois LES sortir de là.

    Ah, enfin, des escaliers de secours. Nous devons traverser un petit pont suspendu au-dessus du rez-de-chaussée où les flammes ont déjà presque tout balayé.

    Je crois que l'enfer ressemble à ça. On dirait une scène de film, on dirait un mauvais rêve, un cauchemar où j'agonise en me forçant à croire que je vais m'en tirer. J'aperçois d'en haut la sortie à l'arrière du musée, et la pointe du doigt :

    - Ok. Vous passez les premiers sur la passerelle. Courez et descendez en vitesse, le plus vite possible.

     

    Je fais passer le couple en sanglots devant moi, et les pousse sur le petit pont. Ils sont hésitants, et je les comprends : un feu déchaîné s'attaque au bois et les bords sont déjà en piteux état. Mais dans ces circonstances, il faut tenter le tout pour le tout. Je décide de ne pas les brusquer. A trois sur cette structure fragilisée, il est facile de tomber. Pourquoi avoir construit une passerelle aussi haut ? J'en veux à l'architecte de ce musée, j'en veux à la personne qui a débuté ce feu, sorti de nulle part.

     

    Alors que le couple avance sur la passerelle, je convulse sous une crise de toux et me débarrasse de mon sweat à capuche. Erreur totale. J'aperçois au dessous de nous des gens carbonisés, des corps inanimés qui brûlent et, au dehors, des sirènes qui hurlent à plein régime. Mes yeux se remplissent instantanément de larmes d'horreur, et la passerelle craque. J'essaie d'avancer, mais mon poids aggrave à chaque seconde l'état du pauvre édifice. Et alors que j'aperçois l'homme devant moi poser le pied sur le parquet, le bois derrière moi craque.
    Dans un élan de surprise, j'essaie de me rattraper à quelque chose, mais il est trop tard, mon corps est happé par les flammes. Et les sirènes continuent de hurler au dehors, et des voix d'hommes grondent.


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